Sortir de sa zone de confort, ou l’étendre?

Ça fait longtemps que j’ai envie d’écrire sur ce sujet, et récemment je suis tombée sur une publication sur Instagram qui a relancé l’idée.
Je l’ai commenté en story et j’en ai profité pour demander si ça intéressait que j’écrive sur ce sujet (et sur d’autres). Étant donné qu’il y a eu des réponses positives (et aucunes négatives), je me lance.

Quand on illustre l’idée de sortir de sa zone de confort c’est souvent sous forme de dessin : la zone de confort est représentée par un cercle, et là où on est encouragé à aller est un autre cercle plus loin.
Je suppose qu’on est sensé sauter de l’un à l’autre, sinon je ne vois pas comment c’est faisable.

La publication qui m’a interpellée se présentait sous forme de diagramme, avec d’un côté une liste de ce qui se passe quand on ne sort pas de sa zone de confort et de l’autre ce qui se passe quand on en sort.

Rester dans sa zone de confort : Stratégie d’évitement du risque ; à très court terme : diminution de l’anxiété par évitement ; à court et moyen terme : regrets, insatisfaction ; à long terme : augmentation de l’anxiété et de l’évitement, insatisfaction.

Sortir de sa zone de confort : Stratégie d’exposition aux risque ; à très court terme : stress et effort pour oser se lancer et dépasser ses peurs ; à court et moyen terme : satisfaction, perception positive de soi ; à long terme : diminution de l’anxiété par habituation et augmentation des compétences par apprentissage.

Je n’ai pas la source de cette liste.

Elle est probablement très juste, et peut-être que des psy* me confirmeraient que c’est bien ce qui se passe.

Mais – il y en a un – je ne suis pas sûre que ça marche de cette manière pour tout le monde, et probablement pas de manière linéaire.

Par exemple, j’ai vécu seule en Grande-Bretagne pendant 4 ans et demi, pendant mes études (lycée et université) – en partie dans des familles d’accueil puis en collocation. Mes parents n’étaient pas là pour m’aider et, même si j’avais quelques amis, ils n’étaient pas tout le temps avec moi. Je me suis aussi débrouillée seule, autant que je me souvienne.
J’avais d’ailleurs dit à mes parents que je voulais étudier à l’étranger parce que sinon je ne grandirais pas, j’étais « trop » bien chez moi (sauf quand j’étais en crise, mais on ne savait pas pour l’autisme).

Si on s’en tient au diagramme, je suis sortie de ma zone de confort – la maison de famille et le cocon parental, ça a été stressant mais j’ai appris et dépassé mes peurs.
Sauf qu’en fait, pas tout à fait. Je ne dois pas être codée comme « tout le monde » (on le savait déjà) parce qu’au lieu de me permettre d’apprendre, j’ai fait un burn-out magistral et j’ai mis des années avant d’arriver à faire moins que ce que je faisais là-bas.
Ou plutôt, j’ai appris et perdu l’accès aux apprentissages dans la foulée.
Régulièrement, je m’effondre et je perds l’accès à des capacités, savoirs, connaissances etc.
Mais j’en gagne ou développe d’autres.

C’est ce qui est particulier : je perds l’accès puis je le retrouve ; je peux ne plus arriver à faire quelque chose mais arriver à nouveau à faire autre chose ; je gagne en confiance dans certains domaines et j’en perds (complètement) dans d’autres. Ce n’est pas linéaire, il n’y a pas de progression logique de mes apprentissages.
Je suis probablement dyspraxique, ce qui expliquerait peut-être cette fluctuation d’accès à mes capacités etc. et le manque de progression linéaire dans mes apprentissages. J’y reviendrais peut-être dans un autre article.

Pour en revenir à la zone de confort, il me semble que dans ma vie j’en suis beaucoup sortie de la manière attendue, avec des conséquences parfois (souvent) violentes, douloureuses et épuisantes.

J’ai mis longtemps à comprendre que d’une part je n’ai pas de zone de confort fortement établie (ce qui me semble être lié avec la dyspraxie, l’autisme, l’anxiété), et qu’ensuite en sortir complètement n’était peut-être pas la meilleure façon de faire.

Je préfère maintenant penser à étendre ma zone de confort. Plutôt que de sauter hors du cercle, je mets un pied en dehors.
D’une manière concrète, ça veut dire prendre des objets qui me rassurent, faire les choses au moins une fois avec une personne qui me rassure, ne pas me forcer quand je ne le sens pas (dans la mesure du possible), prévoir et m’organiser à l’avance.
Par exemple, j’ai regardé le plan d’une gare à l’avance pour savoir où était le quai d’où je devais partir (ce train part toujours de là) ; je fais des trajets nouveaux avec mes proches au moins une fois (sauf en train) même si je me débrouille très bien, je le sais, mais ça me rassure suivant le contexte.

Je ne sais pas si d’un point de vue psy* je m’empêche d’avancer / évoluer / apprendre, mais je limite ma fatigue et les risques de m’effondrer, et c’est vital pour moi.

Bien sûr que je suis frustrée de ne pas pouvoir faire tout ce que je voudrais facilement sans avoir à réfléchir, planifier, stresser etc. mais je suis fatiguée d’être fatiguée et de m’effondrer. Ça me dégoutte d’essayer de faire des choses, ce qui n’est clairement pas mon but.

Je ne sais pas si ma technique est correcte ou si je me leurre et que je me surprotège. J’essaie juste de faire au mieux, de prendre soin de moi et de vivre le mieux possible.

Si l’idée de « sortir de [votre] zone de confort » ne vous parle pas et/ou ne vous correspond pas et que vous avez envie de témoigner, n’hésitez pas à me contacter. Ça peut être de manière anonyme.

3 réflexions au sujet de « Sortir de sa zone de confort, ou l’étendre? »

  1. Merci pour ce bel article Marie. Nous avons eu la chance d’en parler de vive voix mais je tenais à témoigner ici car cela parlera peut-être à d’autres personnes. Cette notion de zone de confort où on se sent bien est pour moi quelque chose d’éphémère et qui varie avec le temps. Je suis incapable d’en citer une. L’expression « sortir de sa zone de confort » correspond à ce que je fais en continu et je crois que je suis loin d’être la seule à le faire. Avec le temps, j’ai l’impression que c’est une fois de plus une injonction à toujours faire plus, nous faire croire que ce sont uniquement des peurs qui nous empêchent d’agir. Cela peut même devenir culpabilisant pour certaines personnes qui pensent ne pas y arriver. Les personnes créatives sont en continu en dehors de leur zone de confort mais est-ce que cela signifie qu’il faut en sortir pour être créatif par exemple ? Encore faut-il en avoir une ! Oui, je taquine. 🙂

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