Mon utérus ne vous regarde pas

Je sais que je vais changer de thème aujourd’hui, ce sera plus féministe que spirituel, mais ça vous intéressera peut-être.
J’aime bien partagé mes prises de conscience.

J’ai un peu de ventre en ce moment, et j’ai l’habitude de me tenir avec ma main ou mon bras sur mon ventre parce que c’est réconfortant pour moi.

Une voisine, que je vois rarement, m’a demandé – par gestes, mais j’ai compris – si j’étais enceinte. Je ne le suis pas. Je vais même avoir mes règles, si vous voulez savoir, d’où le ventre gonflé et sensible.

Alors, oui, je pourrais me tenir autrement, rentrer mon ventre, trouver un moyen de faire qu’il soit moins gonflé etc.

Mais aussi, pourrait-on arrêter de rentre public cette partie du corps ?
Imaginons que j’essaye d’avoir un enfant mais que je n’y arrive pas, ou que je veuille avorter, ou … cette question aurait pu être très douloureuse. (ma prise de conscience)

Si moi, l’autiste, j’ai compris ses gestes c’est que ce n’est pas la première fois qu’on me fait cette demande et aussi que je le vois faire ailleurs, à la TV ou en vrai.
Mais de quel droit ?
Nous voyons toujours la grossesse des autres comme une occasion de se réjouir, mais nous ne réalisons pas que c’est aussi un bouleversement qui n’est pas toujours le bienvenue, qui peut être source de souffrance…

Toutes les personnes qui ont un utérus ne comptent pas avoir d’enfants, les personnes qui le souhaitent ne peuvent pas toujours en avoir etc.

Pourrions-nous arrêter de considérer cette partie anatomique comme publique ?

J’ai le droit de me tenir « comme une femme enceinte » sans l’être et sans qu’on ne me pose de questions.
C’est mon corps.

[édit] Après avoir parlé de cet article à mon compagnon, je souhaite rajouter ceci: ce dont je parle n’est qu’une manifestation de l’habitude que nous avons, en tant que société, à considérer le corps des personnes ayant un utérus comme « domaine public ». Deux expressions: « grossesse » et « saison estivale » – deux moments où tout le monde décide de commenter, conseiller, juger, toucher, siffler, critiquer, questionner… notre corps.
Et autre chose: « dans ce cas, on ne peut plus rien demander, on ne peut même plus dire « ça va? » sans risquer de blesser ».
Est-ce que vous demandez en conscience? Est-ce que vous demandez par intérêt pour l’autre? est-ce que vous êtes prêt-e à entendre « non »?
Si oui, continuez. Si non, demandez-vous pourquoi vous posez une question dont vous n’avez que faire de la réponse.

3 réflexions au sujet de « Mon utérus ne vous regarde pas »

  1. Pour répondre sur le « Ça va ? » : très peu de personnes posent la question en conscience, très peu de personnes écoutent la réponse donnée ; c’est devenu une formule de politesse, une prolongation du « bonjour », une phrase toute faite. Au point que lorsqu’on me demande, je ne sais plus si je dois répondre, si cela intéresse vraiment, s’il y a une vraie place.

    Pour le fond de l’article lui-même : j’ai été enceinte dans une très grande ville, j’ai vécu ce phénomène : ventre = domaine public. Entre ceux qui se permettent de toucher sans demander, qui commentent, qui donnent des conseils non désirés.. c’est tellement déplacé..

    Quand tu n’as pas d’enfant, on te demande quand est-ce que tu vas t’y mettre, quand tu en as un, on te demande quand est-ce que tu lui fais un frère ou une sœur.. C’est fou. Les gens blessent et ils refusent de le voir.

  2. J’entends ce que tu dis. J’entends aussi ce que dit Dame Ambre. Je n’ai pas d’enfants, mais l’idée d’être envahie par autrui au moment même où je serai enceinte me donne des angoisses. Mais en même temps, quelque chose me gratouille dans ton article, parce que cela ne me semble pas juste. L’intention des gens, lorsqu’ils demandent ce qu’on a dans le ventre, on ne la connait pas ou on l’a réalise au moment où ils demandent. Quelle qu’elle soit, la majorité d’entre eux ne cherche pas à blesser, ils vivent selon une codification peut-être un peu superficielle, un peu envahissante, en tout cas qui ne nous convient pas, mais ils vivent et nous ne pouvons pas leur demander de vivre autrement, pour moins nous déranger. Ce serait à notre tour alors, d’imposer notre codification, d’être envahissant.
    Il doit y avoir un juste milieu, une plus belle frontière entre soi et l’autre à organiser, une frontière qui serait celle dont le « je » est l’unique responsable, sans jamais l’imposer ni au « je », ni au « tu ». Vaste chantier que de trouver cette frontière, mais je crois bien que c’est l’horizon que je cherche à atteindre.
    Je découvre tout juste ton site et je le trouve magnifique. Le lire me détend les épaules et ça me fait fondre un peu plus à l’intérieur de moi. Il me donne des éléments qui me permettent de me rapprocher de cet horizon dont je parle. Merci beaucoup à toi.

    • Merci de ton message.
      Je n’ai pas relu mon article en écrivant ce commentaire, je l’avoue.
      Ce que tu dis est juste, bien sûr.
      Oui, nous ne pouvons pas demander aux autres d’être autrement que comme illes sont.
      Ça ne m’empêche pas de rêver d’un monde plus conscient et plus doux – que je crée en commençant par moi, et ça passe aussi par accepter l’autre là ou ille en est, j’ai du travail à faire! 😉

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