Autiste et confinée (part. 1) : création d’histoires dans un univers parallèle

I decided to post the French and English versions of this article separately to facilitate reading but I will carry on doing double posts for shorter, or lighter, reads.

[ Préambule : je ne fais que partager mon vécu, et je ne pense pas qu’il remette en cause ou en question le vécu des autres.]

Ça fait trois semaines que nous sommes confiné-e-s officiellement. Je sais que certain-e-s comptent différemment, notamment en fonction de l’arrêt de l’école, mais le confinement général a été décrété à partir du mardi 17 mars.

Le week-end précédent, je voyais les diverses annonces et suppositions d’un regard inquiet.
D’une part, parce que je n’avais pas fait de grosses courses – comprendre : qui me durent longtemps sans que j’ai besoin de sortir – depuis un moment vu que je pensais partir, et je n’étais pas non plus allée faire des « petites » courses (dans le village) depuis un moment parce que j’étais un peu malade et préférais éviter.
D’autre part parce que mes parents étaient à l’étranger – proche – et devaient rentrer le 17. Ils ont passé la frontière sans encombres.

Les messages que je voyais passer demandaient à tou-te-s de rester chez nous donc l’idée de devoir aller faire les courses me paniquait. Je ne pensais pas spécialement être moi-même à risque mais l’idée que je puisse, d’une manière ou d’une autre, déplacer le virus et donc contaminer potentiellement d’autres personnes me stresse.

Ma mère et moi sommes allées faire les courses le mercredi dans des magasins vides de gens mais encore suffisamment achalandés, en tout cas pour nos besoins, ce qui m’a permis de lâcher une partie du stress.

La deuxième étape a été d’arrêter de lire tout ce que je pouvais sur le sujet au point de passer mes journées sur mon téléphone, ce qui n’était pas très agréable ni bon pour mon moral.
J’ai d’abord basculé sur un jeu sur mon téléphone puis j’ai relu une série (dont je parlerai à un moment), et c’est la conséquence de cela dont je voulais vous parler aujourd’hui.

La série en elle-même n’est pas très importante vu que c’est un mécanisme que j’ai déjà observé à plusieurs reprises.
Je lis une série de livres, je me plonge dans l’univers… et je finis par écrire dans ma tête ou sur papier / ordinateur des histoires dérivées dont je serais l’héroïne. Jusque là, c’est classique – combien sommes-nous à l’avoir fait en lisant Harry Potter, par exemple ?

Là où ça devient plus potentiellement envahissant, c’est que je vis une double vie en parallèle. C’est à dire que je suis là en train de m’occuper des chats, me faire le repas, mettre une lessive etc. et en même temps dans cet autre univers.
Je peux me retrouver à regarder dans le vague un certain temps parce que je ne suis tout simplement pas là.

Ce que j’apprécie, par contre, est que je me vois capable de faire des choses. Même en me voyant autiste, anxieuse et avec toutes les spécificités de mon cerveau, dans ces histoires j’arrive à faire des choses. Je ne sauve pas forcément le monde – je ne suis pas le personnage principal de l’histoire principale – mais je donne un coup de main appréciable aux gentils.
Je suis tout aussi maladroite socialement mais j’arrive à avoir de la répartie et à tenir tête aux gens (seulement parfois, il ne faut quand-même pas exagérer).
Ma façon étrange de voir le monde devient un atout, et même mon centre d’intérêt spécifique – la spiritualité, d’une manière générale – me permet d’avoir des compétences importantes.

J’ai la théorie que dans tout univers où il y a de la magie ou du fantastique la capacité à percevoir le plus vaste, à méditer etc. est transposable ou transformable. C’est-à-dire que si je me retrouvais dans l’univers d’Harry Potter, je serais en mesure de faire certaines choses parce que j’ai développé une certaine perception des choses ( comprendre : de l’énergie).

Ce qui fait de moi quelqu’un d’étrange et en marge dans ce monde devient ce qui me permet de trouver ma place dans ces univers différents.

Je pense aussi que tout ça me permet de travailler ma créativité : je réécris de multiples fois les scènes, je teste différents dialogues, je réfléchis au contexte etc. En fait, ce que j’ai besoin de faire pour écrire de la fiction (en attente). Mais c’est aussi quelque chose qui peut m’aider dans la vie dans ce monde-ci.
Les personnes autistes ont souvent besoin de scripts pour pouvoir gérer les échanges sociaux et je me demande si ce que je fais dans ma tête pourrait s’en approcher.

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