« Holding space » est une expression difficile à traduire : « tenir/maintenir l’espace » sonne assez étrangement en français.
Et puis, de quel espace parle-t’on ? L’espace est, il n’a pas besoin d’être tenu.
C’est une métaphore qui décrit quelque chose que nous faisons probablement tou-te-s à un moment ou un autre, sans même y penser.
C’est ce moment où nous sommes totalement présent à l’autre et où « nous » disparaissons.
Nous accueillons l’expérience de l’autre sans aucunes pensées, jugements ou envie de changer quelque chose. Ou du moins, où nous sommes capable de laisser tout cela de côté, se dissoudre, simplement parce que nous n’y portons pas d’importance.
Pour cela, nous entrons dans un espace dans lequel nos pensées, nos volontés et conditionnements se dissolvent et n’ont plus l’importance que nous pouvons leur donner habituellement.
Nous ne jugeons plus, nous ne cherchons plus à réparer l’autre ou à le rassurer ou à le sauver. Nous ne décidons plus que cette information est primordiale pour nous ou pour l’autre.
Nous accueillons, simplement.
Pour y arriver de manière volontaire, il s’agit d’apprendre à être totalement présent dans l’instant.
Aussi, apprendre à voir ce qui se montre en nous sans s’y attacher est important.
Cela nécessite de plonger en nous, de regarder nos pensées, peurs, émotions, croyances… pour réaliser qu’au-delà, il n’y a que l’espace.
Quand on peut accéder à cet espace, à se dissoudre dedans, alors on peut accueillir l’autre dans ce même espace.
Nous savons tou-te-s le faire instinctivement, c’est le faire volontairement qui est plus difficile. Voir la souffrance de l’autre et l’accueillir sans chercher à l’arrêter, notamment, est un sacré challenge.
Il s’agit aussi de faire confiance : dans beaucoup de situations, quand la personne a un espace dans lequel elle se sent accueillie et aimée, elle peut explorer cette expérience pour laisser apparaître les solutions.
Cela ne veut pas dire refuser d’aider, il s’agit plutôt de laisser son pouvoir à l’autre de demander de l’aide, de faire son expérience et ses choix en sachant qu’il n’y a ni jugement ni volonté de contrôler quoique ce soit de la part de la personne qui tient l’espace.
Suivant le contexte, tenir l’espace peut être aussi « suivre son intuition » : dans cet article (en anglais), une femme témoigne de son accompagnement de sa mère mourante. Dans cette expérience de « tenir l’espace » pour sa mère, elle s’est aperçue qu’elle savait intuitivement quoi faire et quand.
« Tenir l’espace » est quelque chose qui peut se partager – je tiens l’espace pour toi puis toi pour moi.
C’est quelque chose qui peut se voir dans des domaines professionnels – professionnels de santé, coachs, enseignants etc. – mais qui n’est pas réservé à ces domaines.
Nous le faisons tou-te-s à un moment ou à un autre envers nos proches.
Ces articles – en anglais, je n’en ai pas trouvé en français – m’ont aidé à approfondir ma réflexion et mettre en mots ce que je percevais. Je ne suis pas forcément en accord avec tout ce qui est dit:
The Sweetness of Holding Space for Another – Lynn Hauka
The Importance of Holding Space – Helen Avery
Hold space for women – Kathryn Hogan
Try to stay here if you can. – Alexandra Franzen
Understanding How to Hold Space – Jim Tolles