Il y a un certain nombre de situations qui peuvent amener à transposer une amitié « en face à face » à une communication par lettres, ou depuis plus récemment par e-mails : dans l’enfance, quand on se fait des ami.e.s en vacance, en colonie ou quand ils.elles déménagent ; plus tard, avec les ami.e.s rencontré.e.s à l’université, ou même rencontré.e.s au travail.
Il y a aussi l’exemple du correspondant, où la relation commence par lettres et peut amener à une amitié durable, quelques fois sans même que les personnes se rencontrent face à face.
Et puis il y a le cas des réseaux sociaux.
Certaines personnes disent que les ami.e.s rencontré.e.s de cette manière ne sont pas de vrai.e.s ami.e.s. Pourtant le principe me semble être le même que celui du correspondant : quelqu’un avec qui on crée un lien à travers le partage d’un centre d’intérêt commun, quel qu’il soit.
J’ai rencontré certain.e.s de mes plus proches ami.e.s de cette manière, et il y en a que je n’ai pas encore rencontré.e.s face à face.
Ça n’enlève rien à l’importance de notre amitié.
Cela fait un moment que je ne suis plus sur les réseaux sociaux et pourtant l’amitié perdure.
Nos échanges sont peut-être moins fréquents mais ils sont toujours aussi vrais, peut-être même plus maintenant qu’ils se passent loin de toutes les distractions. Nous pouvons être totalement présent.e.s à notre échange, qu’il se passe via (long) messages, au téléphone ou par appel vidéo.
La connexion, la compréhension et le partage peuvent se faire quel que soit le mode de communication.
Les messages écrits ont un avantage pour moi, cependant : je peux les lire avec attention et prendre le temps dont j’ai besoin pour formuler ce que je veux dire, pour être sûre d’être aussi précise que possible.
Mais étant donné que mes ami.e.s sont majoritairement neurodivergeant.e.s, nous comprenons les difficultés que nous pouvons avoir à communiquer, ce qui détend.
Je réfléchis à tout ça alors que ma vie sociale en face à face est en train de se transformer en une qui se passe principalement à distance.
Certains de mes amis déménagent dans une ville proche, donc je pourrais peut-être les voir occasionnellement, mais d’autres ont changé de pays et bien que nous ayons l’intention d’aller leur rendre visite, ce ne sera pas tout de suite et je ne sais pas si ça se reproduira ensuite.
Je me demande si ce seront le type de relation qui perdurent malgré le changement de format ou si nous nous éloignerons progressivement, ce qui peut arriver aussi quand on vit proches les uns des autres.
La vie est en perpétuelle transformation, tout comme nos relations, qu’elles durent ou qu’elles se fanent avec le temps.