C’était début février, je venais de passer un mois à essayer d’étudier et passer mes examens – j’étais en troisième année de licence dans une université anglaise – malgré les crises d’angoisse quasi-permanentes.
J’ai réussit mes examens, d’ailleurs.
Je suis rentrée pendant la semaine de vacance entre les semestres, ce que je ne faisais jamais.
Et puis, je n’ai pas pût repartir. La souffrance était trop grande et je ne savais pas comment la dire.
J’ai avalé des calmants (lexomil, 7). J’ai passé trois jours en crise comme jamais, je n’ai que quelques flashs de mémoire de ces trois jours – et des notes dans un carnet que je n’arrive pas à relire car elles réveillent la mémoire de cette souffrance.
Mes parents m’ont amené chez le médecin de garde pendant le week-end, il a pensé à une crise de bipolarité, on est allés aux urgence psychiatrique où j’ai refusé de rester. Je ne voulais plus être séparée de ma mère, pas après 4 ans et demi à vivre loin.
Le lendemain, on commencé un suivi avec un psychiatre super. « On » parce qu’au début mes parents étaient présents pour les consultations.
C’est lui qui a pensé au syndrome d’Asperger et nous a envoyé à Montpellier au Centre Ressources Autisme pour un diagnostic.
Je mettrais encore 4 ans à le finaliser.
J’ai rencontré Ours fin octobre de cette année-là, mon père est partit en novembre.
La situation – moi à la maison et mal – était trop pour lui. Je le comprends, se sentir impuissant est difficile.
J’ai essayé de faire une formation de réceptionniste, mais les crises d’angoisse et le stress rendaient tout compliqué. Et puis, quand on a besoin d’un rythme fixe, les horaires décalés n’aident pas.
J’ai quand même passé et validé le TOEIC (test d’anglais) avec 945/990 points (j’en suis très fière).
Après cela, j’ai fait un séjour en hôpital de jour à Toulouse, où un psychiatre essayait de prouver que je suis bipolaire – les adultes ne pouvant être autistes…
Quelques années après, j’ai fini le diagnostic à Montpellier – je suis bien sur le spectre autistique.
J’ai un traitement depuis au moins 8 ans, de la venlafaxine pour empêcher mon cerveau de manger toute la sérotonine qu’il produit.
Je suis en train de l’arrêter, à mon rythme.
En 10 ans, j’ai apprivoisé mon cerveau autistique, j’ai créé une entreprise de vente en ligne (produits d’hygiène féminine réutilisables ) qui a duré 5 ans, j’ai déménagé 6 fois, j’ai découvert la planche à voile, je me suis mise au yoga, j’ai tenu plusieurs blogs, j’ai écrit des fictions (et je compte bien m’y remettre), je suis revenue en Angleterre pour pouvoir faire mon deuil de cette époque, j’ai fait un mariage celte, j’ai rencontré des personnes super, je me suis mise au féminisme (intersectionnel), j’ai découvert les identités de genre et fait mon coming-out comme ayant un genre fluide, j’ai créé ce site, j’ai suivi un cours en ligne, j’ai porté un projet que je dévoilerais bientôt…
10 ans de vie, 10 ans d’avancées, 10 ans d’aventures et surtout 10 ans d’amour – le mien et celui des autres.
En février il y a 10 ans, je suis morte à ma souffrance et renée à une nouvelle vie.