Si vous avez raté la première partie, elle est ici « Je suis partie en Écosse [1ère partie]«
Habituellement, quand je suis quelque part où je ne connais personne, le moment des repas est très stressant pour moi. Je ne sais pas où me mettre, je me demande ce que les gens pensent… Là, non, dès le petit-déjeuner, j’ai juste demandé si je pouvais me mettre à une place ou une autre et voilà. A midi, un des responsables m’a proposé de manger avec lui et d’autres. On a un peu parlé de moi, et de l’autisme, et quand la plupart des gens sont partis, un autre homme a rejoint la conversation.
Paul est aussi sur le spectre autistique. Échanger avec moi a été magique pour lui car je comprenais vraiment ce qu’il vit et ressent, même si nous n’avons pas la même expérience de l’autisme. Il m’a parlé d’une technique sur laquelle je veux me renseigner qui aide les personnes autistes à comprendre le sens des mots et concepts à travers une modélisation en argile – par exemple « changement » ou « temps ». Nous avons beaucoup échangés aux repas suivants et sur le trajet vers mon lieu de séminaire le samedi matin.
Entre temps, j’avais fait un petit tour au milieu des arbres immenses et du parc de Newbold, puis lu et dormis. J’avais pleuré aussi, sans raison apparente. J’avais la sensation d’être déjà en pleine transformation alors que le séminaire n’avait pas commencé.
Cluny Hill, où le séminaire avait lieu, est un ancien hôtel. C’est immense et un peu vieillot. Quand je suis arrivée dans ma chambre à 4 lits, je me suis sentie triste, petite, perdue. Et puis une de mes deux voisines de chambre est arrivée. Margret est pleine de joie, elle personnifie vraiment la joie pour moi – comme ma mère. Elle sourit et rit facilement et elle transmet cette joie.
Elle connaît Findhorn – Cluny Hill fait partie de la fondation – pour y être venue plusieurs fois et m’a donc montré où aller chercher une tasse de thé ou un toast entre les repas*, le sanctuaire où aller méditer, et plusieurs belles promenades que nous avons faites ensemble.
Nous partagions notre chambre avec Ita, qui connaît aussi bien Findhorn, avec qui je sentais moins de connexion mais avec qui nous avons bien partager quand même pendant les repas parfois, les soirs dans la chambre et lors de notre sortie toutes les trois au café du Park – l’éco-village initial de la communauté de Findhorn.
Et nous avons dansé à la fête d’Halloween.
Le séminaire en lui-même est difficilement racontable, en fait. James Eaton – le facilitateur – nous a permit d’expérimenter la non-dualité. Nous sommes partit de l’idée classique « je suis le sujet qui regarde et interagit avec des objets » pour arriver à « je suis ce qui est », en simplifiant.
En laissant de côté ce que nous savions, nous avons explorer nos ressentis. Par exemple, les yeux fermés, si j’entends un son, est-ce qu’il y a une séparation tangible entre ce qui entend ce son et le son lui-même ?
Et d’ailleurs, qui est « je » ? Le corps, les pensées, les émotions, l’identité ? Ou « ce en quoi tout cela apparaît » ?
Parce que qui pense ? Qui voit ? Qui ressent ?
James explique que nous cherchons de diverses manière « à l’extérieur » quelque chose pour aller bien – notamment en suivant diverses philosophies, en essayant diverses techniques – alors que nous avons juste besoin de revenir à « être ». Nous sommes ce qui est et nous avons besoin de revenir à cela.
Tout cela me parle vraiment et expérimenter cela m’a permit de revenir à moi. Je suis ce qui est, ce qui ne m’empêche pas d’être toujours moi. C’est paradoxal est difficile à expliquer pour moi. J’ai toujours mes traits autistiques, mes fou-rire en public, ma peur de l’avion mais je ne suis ni l’autisme, ni ma peur, et je ne suis certainement pas gênée par les regards étonnés (ou autre) des étrangers quand je ris. J’ai la sensation d’avoir trouvé ce qui me parle et me correspond.
Je ne prends aucunes décisions – comme m’a dit James « Elles s’élèvent en « moi » » – et pourtant j’ai la nette sensation que je vais aller faire cette semaine d’expérience à Findhorn l’an prochain, et peut-être un autre séminaire avec James, qui sait.
Et pour les choix, je suis ce qui me met en joie et j’abandonne le modèle par défaut de « ce qui me fait le moins peur ». En tout cas, je m’y exerce !
*Le coin thé et les repas végétariens sont deux expériences communes aux deux lieux – avec la moquette partout. Les repas ont toujours été délicieux et le choix des thés très agréables.