Cela faisait un moment que je voulais aller à Findhorn. Je comptais faire une semaine d’expérience mais, à ce moment-là, je ne me sentais pas capable de passer une semaine complète avec un groupe.
Du coup, j’ai regardé les séminaires qu’ils proposaient qui étaient plus courts. L’un d’eux a attiré mon attention : « Exploring reality – Living reality » – « Explorer la réalité – vivre la réalité ».
Ni le titre ni la description ne me disait vraiment de quoi il s’agissait mais l’idée me plaisait alors je me suis inscrite.
Quelques semaines avant de partir, j’ai commencé à vraiment douter de moi et de ma capacité à faire ce voyage. Je partais seule, dans un endroit que je ne connaissais pas et je ne connaîtrais absolument personne là-bas. Personne ne me retrouverait à l’aéroport. Bref, je devais me débrouiller. J’ai eu beaucoup de crises de panique et j’étais prête à abandonner. J’ai même demandé un certificat médical à mon psychiatre – qui n’a pas voulu parce qu’on n’en avait pas parlé la dernière fois qu’on s’était vu (ce n’était pas encore prévu) – pour pouvoir annuler l’avion.
Des proches me conseillaient d’annuler tandis que d’autres me demandaient si je ne risquais pas de regretter de ne pas l’avoir fait. Et moi, je me mettais allégrement la pression en me disant que je « devais » le faire, que j’avais déjà voyagé seule – mais j’avais toujours eu des repères et des contacts sur place – que j’allais gaspiller de l’argent si j’annulais, bref, la petite voix très agréable et encourageante.
Une amie m’a posé une question très juste quand je lui en ai parlé : « Si tu ne savais pas que tu es autiste, est-ce que tu le ferais? » Oui, mais sans pouvoir prendre mon autisme en compte, justement. Je pense que c’est là que j’ai commencé à réaliser que je pouvais simplement trouver des moyens de me sécuriser sans annuler.
Ensuite, j’ai fait une session d’hypnothérapie pour me libérer de mes peurs et ça a été magique.
Je suis partie sereine et avec tout mon trajet détaillé – les horaires de bus et de trains pour aller de l’aéroport au lieu du séminaire et revenir.
Avant de partir, j’ai fait un détour par Toulouse pour assister aux conférences des Vendredis Intellos. J’avais donc un sac à dos très rempli quand je suis arrivée chez mon père – qui n’était pas là les deux premiers jours. Pendant mon séjour toulousain j’ai commencé les aléas des voyages en me perdant légèrement avec mon GPS, notamment. Le tout avec le sourire malgré la fatigue.
Le 29, quand mon père m’a amené à l’aéroport, le stress commençait alors je me suis autorisé un petit calmant – il a fait effet le temps des deux avions, à moins que ce soit psychologique, auquel cas ne me le dites pas !
Mon voisin de siège dans mon premier vol – Toulouse – Amsterdam – s’est avéré être écossais et faire le même trajet que moi, y comprit le train ensuite ! Mais sinon, je devais voyager seule…
Nous avons discuté tout le trajet et partagé le stress de la correspondance ensemble – Schipol est grand et notre avion avait atterrit avec 15 minutes de retard. Moi qui comptais manger à l’aéroport, j’étais contente d’avoir eu des sandwiches dans l’avion. D’ailleurs j’ai découvert qu’on peut prendre de la nourriture avec soi avant le contrôle de sécurité.
Dans le vol pour Aberdeen j’ai un peu échangé avec le français à côté de moi après qu’il se soit renversé son café dessus. Les tracas des voyages semblent créer des liens.
À Aberdeen, mon sac avait bien fait le transfert mais pas celui de mon compagnon de route. Mystère.
Après un trajet en bus et plus d’1 heure de train, je suis enfin arrivée à Forres, seule cette fois car mon compagnon de route était descendu à l’arrêt précédent, après m’avoir dessiné une carte pour m’expliquer où aller.
Heureusement que j’avais un GPS, en fait. Et la prochaine fois, je ne dirais pas à ma mère à 8h du soir en pleine nuit dans un pays étranger « Je crois que je suis paumée, mais ça va aller, j’ai le GPS. » J’ai trouvé le B&B où je restais avant le séminaire après 20 minutes de marche dans un froid glacial et en portant deux sacs à dos (heureusement légers). J’écoutais Naheulbeuk en riant toute seule, je n’ai pas vu le temps passé.
Arrivée à l’adresse indiquée, j’ai mis un moment à trouver la maison – la prochaine fois qu’on me dit « surtout, longe bien l’allée », je me douterais que ce n’est pas la première mais plus loin derrière les arbres. À ce point du trajet, je ne voyais pas très bien où j’allais dormir mais je ne stressais pas. Ma mère, elle, était légèrement flippée – j’avais oublié de lui donné des nouvelles pendant mes 20 minutes de marche…
Newbold House est un manoir victorien très bien rénové et une communauté intentionnelle affiliée à Findhorn. C’est un B&B, un lieu de séminaires (mais pas le mien), et un lieu où expérimenter la vie en communauté. Et c’est là que j’ai commencé à vraiment réaliser que quelque chose avait changé pour moi.
Je suis admirative tu n’as pas idée ❤️
Tout comme je t’admire pour d’autres choses!