Cette année encore, je ne serais pas en bleu, tout comme en 2014.
Cette année, je serais en rouge pour soutenir le mouvement « Walk in red » (marcher en rouge) créer par des personnes autistes.
Un de leurs slogan est « Love not fear » – « amour, pas peur » – je ne peux qu’adhérer.
J’aimerais que les associations qui veulent aider les personnes autistes s’intéressent aux autistes, à tou.te.s les personnes sur ce spectre, et pas juste à ce que disent certains médecins neurotypiques qui n’ont aucune idée de ce que l’on vit.
J’aimerais qu’elles prennent le temps d’écouter ce que chacun.e a à exprimer – par mots, comportements, écrits – pour savoir réellement ce que nous vivons et ce dont nous avons envie et besoin.
J’aimerais que les associations validistes ne soient plus les plus connues et financées.
J’aimerais que certains parents arrêtent de vouloir nous dresser comme des animaux pour que nous soyons « normaux » et que nous ne les embarrassions pas ni ne leur demandons de revoir leur façon de regarder la vie. (Je remercie mes parents qui ne sont pas comme ça)
Validiste, ça veut dire que la norme définie est d’être valide, donc toute personne étant handicapée ou neuroatypique (= ayant un fonctionnement neurologique différent de la « majorité ») est vue comme diminuée, différente, que l’on doit guérir ou réparer.
La société est validiste et c’est une de ses faiblesses.
Il y a autant de formes d’autismes que de personnes sur ce spectre et elles ont toutes quelque chose à exprimer, comme tout être humain.
Et parce que cette société est validiste, j’ai l’impression que je n’ai plus le droit de parler de mon expérience parce que je vais bien.
Je ne rentre pas dans le cliché de l’autiste qu’il faut sauver ou guérir, alors je n’ose pas parler.
Je ne suis pas malade, je ne l’ai jamais été.
Je fonctionne à ma façon, comme chacun.e d’entre vous.
Simplement, comme tous les modèles extérieurs ont des fonctionnements similaires entre eux et très différents de moi, j’ai mis très longtemps à apprivoiser le mien.
Je ne suis pas guérie, j’ai juste trouver un équilibre, j’ai compris comment je fonctionnais, je me suis apprivoisée.
Ça m’a prit 10 ans et ce n’est pas finit.
Quand je regarde les personnes autour de moi, je trouve que j’ai de la chance : je n’ai pas pu – en tout cas pas très longtemps – faire semblant d’être « normale ».
J’ai été obligée de me regarder, pas « le nombril » mais mon fonctionnement personnel, mes limites, mes difficultés et facilités…
Combien de personnes « normales »/valides/neurotypiques finissent en dépression parce qu’elles ont nié qui elles étaient vraiment ?
Une société normalisatrice, validiste, est nocive pour tou.te.s, en réalité.
D’autres articles sur cette journée:
« Je n’ai pas besoin qu’on soit “sensibilisé” à mon existence » d’Elie
Ma Journée de Sensibilisation à l’Autisme : nouveau regard par Elvire
Bonjour Marie,
Je m’appelle Cécile, j’ai 37 ans et j’ai été probablement autiste, autrefois. Jamais diagnostiquée. On m’a plié et replié comme un papier d’origami. De mon côté, je me suis cousue, rapiécée, tricotée, collée, formatée, entraînée…et j’ai tenu, pas trop mal même ! Et puis je suis devenue maman …. d’un petit zozo, de 5 ans, diagnostiqué lui. Mon camouflage n’a pas tenu ! Me revoilà projetée 30 ans plus tôt, et je découvre pour la deuxième fois une enfance autiste. Malheureusement aujourd’hui, il est impossible de ne pas croiser le chemin des validistes. Je n’ai pas envie de faire la route une deuxième fois, mais plutôt prendre la tangente …. Merci à vous de vous écrire…
Bonjour Cécile,
Je vous remercie de votre message.
La route n’est jamais la même, nous ne sommes jamais les mêmes personnes.
Je vous souhaite de trouver la force et le courage en vous pour la parcourir, à votre manière.