Et si, tout comme la nature, la féerie avait retrouvé de l’espace ?
Les humains étant beaucoup moins présents, les créatures mythiques et fantastiques peuvent plus facilement se mouvoir dans l’espace public, et leur existence a moins de risque d’être révélée.
Ceci dit, elles sont toujours aussi douées pour prétendre être humaines animales, et pour se cacher dans leur environnement.

1. La vieille dame et le voisin qui prend soin d’elle

Mme Watson rentrait chez elle avec ses courses en vacillant, quand son voisin très discret mais excentrique – il a les cheveux longs et argentés et des yeux violets, vous imaginez ! – lui proposa son aide.
Bien sûr, ils devaient garder leurs distances, donc elle dû d’abord poser ses sacs et s’éloigner avant qu’il puisse les prendre.
Une fois chez elle, elle rentra tandis qu’il posait les sacs sur le pas de la porte.

« Merci beaucoup, jeune homme, c’est très gentil de votre part ! Je ne sais jamais trop quoi penser de vous mais vous semblez charmant ! »

Le jeune homme, légèrement plus âgé que la vieille dame, resta impassible.
« Je comprends, j’ai une apparence un peu étrange, mais je vous assure , je suis très amical ! » Il sourit chaleureusement. « Voudriez-vous que je fasse vos courses la prochaine fois pour que vous n’ayez pas à les porter ? »

« Ce serait adorable de votre part mais je ne voudrais pas m’imposer. Et j’ai besoin de marcher. »

« Ça ne me gêne absolument pas, et c’est probablement mieux pour vous de marcher sans être encombrée par un sac lourd. Je peux faire vos courses hebdomadaires et vous pouvez aller marcher quand vous voulez. Je peux même marcher avec vous, en restant à 2 mètres, si vous voulez de la compagnie. »

Mme Watson fut d’accord, et se trouva très contente de leur arrangement. Tout comme Aldaran, un jeune fae de 90 ans.
Il fait les courses et veille sur Janine pendant ses balades, et sa grand-mère adoptive, comme elle dit en plaisantant, fait des gâteaux qu’ils partagent. De très bons gâteaux.

 

2. L’homme et le loup

Pierre regardait par la fenêtre de son salon, au deuxième étage, comme tous les soir depuis le début du confinement aux alentours de l’heure « entre chien et loup ».
Au moment où il pensait à ça, il remarqua un chien qui marchait au milieu de la rue silencieuse.
L’animal ne courait pas mais Pierre pensa qu’il se comportait comme s’il allait quelque part faire quelque chose d’important, ce qui le fit rire. L’idée qu’un chien aille à un rendez-vous ou au travail, comme feraient les humains, était amusante.

Le chien s’arrêta, à ce moment-là, sous un lampadaire et se tourna en regardant Pierre. C’est à ce moment-là qu’il vit ses oreilles pointues, la forme de son museau et de sa queue. Il ressemblait à un loup à cette distance.

« Ça doit être un chien loup ! Je n’en ai jamais vu par ici. Peut-être qu’il s’est enfui. J’espère qu’il rentrera chez lui de lui-même. »

Le chien le salua de la tête, ou du moins c’est l’impression qu’il eut, et ça le surprit.
Les chiens ne saluent pas les gens.

Toute la semaine , chaque soir autour de la même heure, le chien était là et le saluait.
Pierre décida qu’il imaginait que le chien le salue, mais que pour une raison inconnue il l’appréciait.

Le lundi suivant, Pierre sortit faire les courses – de première nécessité – et, alors qu’il se demandait quel thé essayer cette fois, il tourna le regard et vit un inconnu le regarder. Ses yeux étaient d’une couleur étrange, marron et dorée, et le fait qu’il le salua de la tête avant de partir était encore plus étrange étant donné qu’il ne le connaissait pas.

Ce soir-là, le chien loup était de retour. Pierre dévala les escaliers cette fois, mais arriva trop tard.
Le lendemain, quand il vérifia sa boite aux lettres par habitude, ça lui faisait une occasion de descendre une fois par jour, il trouva une enveloppe contenant une sélection de sachets de thés. Le plus étrange, cependant, était l’empreinte de dents de chien sur l’enveloppe comme si un chien loup, par exemple, l’avait transportée.

Le confinement était en train de devenir beaucoup plus intéressant.