C’est un sujet sur lequel j’avais déjà écrit: Guérir l’autisme? [point philosophique] et – sur la « posture de bataille » –  Se battre ou construire et mener une quête? sur mon ancien blog.

Il y a une association en France qui fait beaucoup parler d’elle ces temps-ci.
Elle s’appelle «Vaincre l’autisme».

J’ai échangé avec plusieurs autistes et parents d’autistes sur les réseaux sociaux et nous sommes d’accord : nous ne voulons pas d’une guerre contre l’autisme.

Pour moi, parler de «se battre», de «vaincre», de «bataille» est extrêmement négatif et me fait penser à la guerre, et à la destruction.
La volonté de se battre attire les batailles et les ennemis.
Je ne me bats pas pour que l’autisme soit accepté.

J’œuvre pour que l’autisme soit accepté.

Est-ce que vous sentez la nuance?
Œuvrer à, travailler pour, sont des expressions qui amènent d’autres à se joindre à vous.
Se battre contre amène des idées de batailles et d’ennemis.
L’autisme n’est pas un ennemi, c’est juste une partie de nous.
Je suis petite – je mesure 1m52 – et je ne me bats pas contre ma taille.

Je ne m’identifie ni à ma taille, ni à ma myopie, ni à mon autisme, mais ce sont des spécificités que je prends en compte.
J’ai des lentilles par exemple.

Je sais bien qu’une des justifications données pour valider cette idée de vaincre l’autisme est qu’il y a des enfants et des adultes qui n’arrivent même pas à communiquer.
C’est une raison invalide.
Il existe de plus en plus de témoignages de personnes ayant dépassé – grâce à diverses techniques et de façons différentes – cette facette de l’autisme.
Il y a de plus en plus d’autistes non-verbaux qui témoignent, notamment grâce à l’écriture, et des enfants développent la communication verbale grâce à l’aide de leurs parents et de thérapeutes.
Si vous parlez anglais, je vous invite à visiter le site de Carly.

Je sais que, quand je vais très mal, que je suis frustrée de ne pas pouvoir faire ce que j’aimerais, ça m’arrive de vouloir que mon autisme disparaisse.
En fait, ce n’est pas mon autisme qui me paralyse, ce sont mes peurs.
La seule pilule magique que je prendrais, ce serait contre les peurs – et je suis sure que je ne serais pas la seule 😉 .

La vie ne marche pas comme ça, cependant: mes peurs, mon autisme, ma myopie etc., tout ce que je vis m’apprend énormément.

Oui, j’ai des souffrances, comme beaucoup d’autres humains.
Non, je ne veux pas «vaincre l’autisme».

Je souhaite que ce monde soit comme la nature, plein de couleurs différentes.
Nos différences sont des chances, nous sommes la diversité des êtres humains.

Pour lire d’autres témoignages sur cette notion, je vous invite à lire l’article d’Elvire, la maman du Petit Prince, ainsi que celui de Seb, adulte Asperger.

Su twitter, j’ai posté ceci le 23/05 :
« Autistes et gens qui nous aiment, ça vous dis de noyer @Vaincrelautisme de tweets pour leur dire qu’on ne veut pas être vaincus? #inclusion »
Les réponses ont été magiques. Merci du soutien.

Et, je vous redis: je ne suis pas là pour me battre.
Je suis là pour parler et écrire pour ceux qui voudront bien écouter et lire.

Plein d’amour à vous.