En attendant le solstice: Quand ça veut pas…

[Mention d’alcool]

« Satanée machine ! Je t’ai dit de chauffer, pas de brûler ! »
Et en effet, l’odeur venant de l’atelier sentait bien le brûlé.

Samuel sortit, furieux et fumant (lui aussi), en enlevant son tablier.

Herbert, son compagnon, l’attendait devant la porte avec une tasse de thé.

« Quand j’ai senti l’odeur, je me suis dit que tu en aurais besoin. » Lui dit-il en lui tendant la tasse.

« Merci, mais je crois que j’aurais besoin de quelque chose de plus fort… Oh ! Il y a quelque chose de plus fort. » Dit-il en sentant l’odeur de liqueur de pêche violette qui se dégageait de la tasse.

Herbert sourit. Après 50 ans passés ensemble, il commençait à le connaître.

Samuel commençait à décolérer.

« Ah, tu as sorti ta collection de vestes du solstice, je vois ! »

« Oui, je me suis dit que c’était le bon moment, et que j’allais commencer de manière sobre. »

Herbert est connu, à l’université et plus largement à Templeton, pour porter des vestes toutes plus colorées les unes que les autres. Celle du jour était donc brodée de feuilles et de baies de houx sur fond brun, ce qui était en effet sobre au vu du reste de sa garde-robe.

« Dis-moi ce qui t’a mis dans cet état ? »

Samuel soupira.

« Tu sais que je travaille sur un poêle portatif depuis plusieurs mois ? Il me semblait avoir enfin trouver la bonne quantité de bois à ajouter pour que la chauffe soit durable et douce, mais il n’y a pas moyen. Dès qu’il y a du bois, la machine s’emballe et brûle tout en une fois. Et manque de brûler la pièce avec, par la même occasion. »

« Tu as peut-être juste besoin de le regarder sous un autre angle ? »

« Peut-être, mais le solstice est dans 12 jours et je voulais sortir une nouveauté à ce moment-là. »

« Je sais bien. Tu vas sûrement y arriver. Tu devrais peut-être en parler avec Théodore, il a souvent de bonnes idées. »

Théodore, un des rares hobgolins à vivre dans une ville, est un très bon ami de Samuel et Herbert et un couturier très inventif.

« Tu as raison, j’irai le voir plus tard. Pour le moment, j’ai besoin de me ravitailler ! »

« Quand tu as faim, c’est que tu vas bien. » Remarqua Herbert avec amusement.

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