À propos des limites, celles envers les autres et celles pour nous

J’ai eu beaucoup de mal à écrire cet article. Je le finis le 4 novembre, le jour du Boundaries Day*, dont je parle dans l’article précédent. Les publications que j’ai pu lire à cette occasion m’amènent à me poser beaucoup de questions, donc cet article risque de sembler un peu brouillon et je m’en excuse. C’est un sujet qui demande, pour moi en tout cas, de l’observation et de la réflexion.

La dernière fois que j’ai vu ma psychologue, on a parlé de liberté et de limites. Ça partait de la constatation qu’il y a une part de liberté dans l’écriture – par exemple quand on écrit le premier jet d’une histoire.
La première chose qui me vient quand on parle de liberté, à part le fait que dans le cadre de l’écriture c’est vertigineux, est « la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres ».

Comment savoir où sont les limites de ma liberté et où sont celles des autres ?
Dans mon cas, partant d’un exemple concret et récent, ma psy m’a fait remarqué que je m’étais sentie mal, voire agressée. C’est parce que mes limites ont été dépassées, qu’il y a eu intrusion dans mon espace.

Si votre collègue vous taquine tout le temps, il a certes la liberté de le faire, mais vous avez la liberté de lui faire remarquer qu’il dépasse vos limites.
« Avoir la liberté de » ne veut pas dire « ne pas respecter les autres », puisqu’en l’occurrence ce serait dépasser leurs limites.

Par contre, je ne sais pas comment réagir si, une fois que j’ai dit que mes limites étaient dépassées, la personne n’en tient pas compte.
Je pense que nous sommes nombreux-ses à avoir entendu « tu n’as pas d’humour », « je plaisante », « détends-toi », « tu es trop sensible », et le fameux « on ne peut plus rien dire ».

Je l’écris aussi bien pour moi que pour vous : nos limites sont là où elles sont. Peut-être qu’elles sont plus vastes à un moment, plus proches à un autre, mais elles méritent toujours le respect, quoi qu’en pensent les autres.
C’est peut-être difficile pour les autres de savoir exactement où elles sont, mais une fois que nous avons dit ce qu’il en était, l’idée serait que les autres en tiennent compte sans nous reprocher d’avoir des limites différentes de celles qu’ils voudraient que nous ayons.

J’ajoute qu’il n’est pas forcément nécessaire que les autres sachent quelles sont nos limites. Nous n’avons pas besoin de nous promener avec une carte à donner à toutes les personnes que nous rencontrons avec écrit dessus « voici mes limites ». L’important est que nous connaissions nos limites, parce qu’elles nous permettent de dire des vrais oui et des vrais non.
Si vous n’avez pas envie de raconter votre parcours médical à la personne que vous croisez dans la rue, à l’ami de l’ami, ou même à des proches, vous n’avez pas à le faire. Vous pouvez dire non. Vous respecterez vos limites et les poserez face aux autres.

En écrivant cet article, je réalise que j’ai du mal à définir quelles sont mes limites, concrètement, ou du moins celles que je voudrais que d’autres respectent.

Tout ce qui est commentaires (répétés) sur moi me stresse beaucoup – sur ce que je mange ou non (j’ai des difficultés avec certaines textures, certains goûts et je ne mange pas de viande), ce que je porte (j’ai facilement froid, par exemple), ce que je fais ou ne fais pas (cuisiner, sortir, travailler etc.). Ça me rappelle constamment mes différences d’une manière désagréable et j’ai le réflexe de vouloir m’expliquer et me justifier, au lieu de simplement demander à la personne d’arrêter de faire des commentaires – critiques (je le vois comme un type de commentaires).

Ce pour quoi je peux avoir besoin de soutien, mais je ne sais pas si ça compte comme limite à respecter, est de tenir compte de mes fragilités quand on prévoit de faire quelque chose. Ça peut être être prêts à partir plus tôt d’un endroit, voire à reporter, ou prévoir des aménagements – pour que je puisse manger même si ce n’est pas l’heure par exemple.

Finalement, j’ai l’impression qu’il s’agit plus du package « m’écouter, me croire, me respecter et me soutenir » que de limites spécifiques à faire respecter.
Mais je pense avoir besoin de clarifier ça pour savoir quand j’ai besoin de dire non, quelque soit la réaction en face.

Ce qui m’amène aux limites auxquelles nous devons faire attention nous-même.
Dans mon cas, entre autre : penser à manger régulièrement ; ne pas trop passer de temps dans des endroits bruyants et / ou avec des lumières fortes (et à utiliser mes bouchons) ; ne pas passer trop de temps sur les réseaux sociaux (oups) ; ne pas en faire trop dans la même journée, surtout socialement, quand je suis déjà fatiguée…
Sachant que mes limites dépendent de mon état physique et mental – si j’ai assez dormi, si je suis angoissée, si j’ai des douleurs…

Et vous, quelles sont les limites que vous avez besoin de poser envers les autres, que vous les exprimiez ou que vous vous en serviez comme ligne de conduite ?
Et celles que vous devez respecter vous-même ?

« Boundaries don’t mean « I don’t love you ».
Boundarie mean « I am going to love you and love myself at the same time. »
« Les limites ne veulent pas dire « je ne t’aime pas ».
Les limites veulent dire « Je vais t’aimer et m’aimer en même temps ».
Cleo Wade, via instagram. [Traduction de moi]

*Les publications sont à retrouver sur Instagram sous #BoundariesDay. Je sais que cet article paraît après mais les posts sont toujours visibles.

2 réflexions au sujet de « À propos des limites, celles envers les autres et celles pour nous »

  1. Très intéressant comme sujet je n’y avais jamais songé en ces termes et je me rends compte que j’en ai pas mal qui sont parfois franchies en paroles ou physiques et je ne sais quoi faire ou quoi répondre merci bises

    • Je suis mal placée pour donner des conseils!
      J’apprends beaucoup en lisant les activistes handicapé-e-s parce que c’est un problème très important dans leurs vécus.

      D’un point de vue spirituel, j’en profite puisque je sais que ça te parle, on peut se retrouver à se dire « si je réagis c’est parce que ça touche quelque chose en moi », « je dois travailler sur ma réaction » etc. Ça m’est arrivé, je suis restée dans une amitié nocive pour moi parce que je pensais que tant que je réagissais, c’est que je n’acceptais pas totalement l’autre.
      En fait, ça peut juste être là pour nous apprendre à dire stop.

      C’est vraiment difficile de s’autoriser à dire à l’autre « je ne répondrais pas à cette question », « je ne veux pas que tu me parle comme ça » ou « que tu me touche comme ça ». Et la suite, c’est « je fais quoi si la personne insiste ou recommence? »
      Je n’ai pas trouver d’autre réponse que partir, sortir de la situation, refuser de passer du temps avec cette personne, mais ce n’est pas toujours faisable.

      Bises

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