J’ai du mal à m’accepter et je traverse régulièrement des périodes pendant lesquelles j’estime que je demande trop aux autres.
J’ai dû entendre une ou deux fois quand j’étais plus jeune que je ne devais pas faire subir aux autres mon mal-être et, mon mental fonctionnant comme il fonctionne, j’en ai déduit que si je ne gérais pas tout toute seule, j’étais une mauvaise personne – ou nulle.
J’ai étendu cette vision à tout ce qui concerne mes handicaps et pas seulement à mes émotions.
(Je pense qu’une grande partie de ce que je vivais était due à mes handicaps non-diagnostiqués à ce moment-là.)
Je me sens coupable quand je demande que mes difficultés soient prises en compte quand, par exemple, mon compagnon (moyenne distance) et moi prévoyons de faire quelque chose. Il faut penser au bruit possible, aux gens qu’on va rencontrer et à leur nombre ; s’assurer qu’on a un plan A, B, et C pour manger / se reposer / être au calme / partir. La majeure partie des gens n’ont pas à y penser.
Ceci dit, la majeure partie des gens ne risque pas d’être surchargés, pour finir par pleurer ou se fermer complètement (en coupant la communication, voire la capacité de fonctionner), ni de mettre plusieurs jours pour se remettre. Et c’est une description assez modérée, ça a été pire.
Je me sens comme ça au moment où j’écris alors que mon compagnon passe ses vacances d’août dans sa famille et que je ne vais pas le rejoindre. A la place, c’est lui qui me rejoindra pour sa deuxième semaine de congés.
J’ai utilisé la crise du covid comme excuse – autant que ça serve – mais c’est une excuse partielle.
La vérité c’est que dix jours avec dix personnes est trop pour moi – en tout cas dans les conditions dans lesquelles on le faisait.
C’était déjà le cas avant le confinement, j’avais besoin de jours ou de semaines pour me remettre, mais ça me semble encore plus le cas maintenant après deux mois de calme complet et quatre mois et demi sans se voir.
Je me sens quand-même coupable étant donné qu’il ne voit une partie de sa famille que deux fois par an et que je lui « prends » déjà une semaine pendant les fêtes de fin d’année – pas celle de Noël, je ne suis pas un monstre.
Je lui ai parlé de mes handicaps dès qu’on a commencé à échanger, et nous en parlons régulièrement depuis. Apparemment il ne trouve pas que je lui demande trop.
Nous avons pris l’habitude de fonctionner comme une équipe, nous communiquons et nous sommes de plus en plus créatifs dans nos solutions.
Pourtant, régulièrement mon mental crée des histoires dans lesquelles je ne fais aucun effort pour m’adapter – contrairement à ce que mes proches et ma psy me disent – et à la place demande aux autres de faire tous les efforts – qui consistent surtout à être ouvert à devoir faire les choses autrement ( il y a aussi une part de soutien émotionnel).
Peut-être que je devrais moins écouter mon mental et faire plus confiance à mes proches.
Après tout, ils choisissent de rester dans cette relation.